C'était donc samedi 7 avril dernier, au Forum des métiers du collège Paul Doumer à Nort-sur-Erdre. J'ai eu le plaisir, pendant la matinée, d'échanger avec une trentaine d'élèves de classes de 4è et 3è, répartis en petits groupes, sur les métiers du cinéma. Échanges dont j'espère qu'ils auront satisfait en partie la curiosité de ces jeunes dont beaucoup ignorent les multiples métiers qu'ils pourraient un jour exercer. Satisfaction aussi, de constater que si certains sont venus à ma rencontre sans avoir forcément envie de faire leur vie dans l'audiovisuel, d'autres étaient plus avancés dans leurs réflexions sur leur avenir professionnel. J'ai eu l'heureuse surprise de constater que ces derniers ne voulaient pas de venir réalisateurs(trices) ou comédiens(nes), mais s'intéressaient qui au maquillage d'effets spéciaux, qui à la lumière ou encore à la caméra.
Un très bon moment, donc, organisé très chaleureusement par l'Administration du collège et les équipes d'enseignants.
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Au cinéma, c’est bien connu, on triche. À toutes les sauces. Les effets spéciaux existent depuis presque aussi longtemps que le cinéma lui-même, et s’ils ont toute leur place dans l’entreprise de subjugation qu’est le 7e art, on oublie parfois que les mensonges, l’illusion, font partie intégrante de la conception même de tous les films, y compris sur le plateau. Le cinéma, et au-delà la vidéo, reposent sur un mensonge primordial, une illusion d’optique, celle née de la persistance rétinienne qui crée l’illusion d’un mouvement alors qu’il ne s’agit que de projection rapide de photogrammes.
Le cinéma est un des maîtres des illusions, et les premières projetions de l’histoire en sont aussi les premières illustrations. L’Entrée d’un train en gare de La Ciotat, l’un des premiers films projeté, a vu quantité de spectateurs effrayés parce qu’ils pensaient être écrasés par le train qui se précipitait vers eux. C’est une anecdote connue, elle est d’ailleurs évoquée dans plusieurs films, comme par exemple Hugo Cabret de M.Scorsese. Là où les balbutiements d’une technique nouvelle visaient à divertir, on ne peut que s’inquiéter de ce que des trucages modernes, utilisés dans d’autres domaines que le divertissement, puissent altérer la perception que nous avons des images, et même nous induire en erreur. Nous sommes en effet loin d’époques où des trucages grossiers éliminaient telle personnalité des photos officielles, ne convaincant que ceux qui étaient déjà convaincus. Quand on apprend que certains logiciels actuels peuvent modifier des visages dans des vidéos, on peut s’effrayer d’imaginer à quelles fins pourraient être utilisées ces mêmes techniques dans une optique manipulatrice. Aussi il me semble fondamental, pour les générations qui grandissent dans un univers de surenchère audiovisuelle, de leur apprendre à s’en détacher, de bien aiguiser leur sens critique et de savoir aussi prendre du recul. Cette distanciation sera peut-être un outil qui leur permettra de moins céder à certains réflexes mortifères dont on sait l’homme capable. Parmi les fameux films en N&B non muets que j’ai pu obliger quelques jeunes à regarder (à cette fin, je vous conseille la méthode utilisée dans Orange mécanique de S.Kubrick, film que je recommande, si besoin est, à un public mûr et averti), certains ont été réalisés par Frank Capra. Tous les goûts étant dans la nature, il fait partie de mes réalisateurs américains préférés. Si je dis cela, c’est qu’on peut fort aisément le taxer d’idéalisme aveugle, le faire passer pour un naïf abêti par des idéologies presque blasphématoires aux États-Unis… Ce qui est étonnant, c’est qu’il n’ait pas (ou très momentanément) été inquiété politiquement durant sa carrière ponctuée de quelques films parmi les plus tendrement manichéens qu’il m’ait été donné de voir.
Pendant les dernières vacances scolaires, donc, j’ai ressorti La vie est belle, film de Noël par excellence. En V.O sous-titrée, s’il vous plaît ! En même temps, la version dvd que je possède n’a qu’une piste son, ce qui évite les débats sur la langue des sous-titres… Or donc, Capra… Je ne connaissais pas son histoire personnelle, et force est de constater qu’il y a peu d’écrits sur lui en français. J’ai donc fait un petit tour sur Internet, et le résultat de mes recherches est à l’inverse de ce que j’imaginais : dans la vie civile, Capra fut un Républicain convaincu, presque réactionnaire, absolument pas animé par l’esprit « New Deal » de ses films, probablement informateur du FBI pendant ces belles années de chasse aux sorcières que furent l’après Seconde guerre mondiale aux États-Unis… J’en suis tombé de mon fauteuil… L’un des réalisateurs les plus populaires de son temps, récompensé de multiples fois pour ses films humanistes, n’a réalisé ses films qu’en fonction du vent de l’histoire, comme des recettes qui marchent et font faire des entrées… Sans même peut-être, sans doute, croire à ce qu’il racontait… Ils semblent nombreux, ces temps-ci, ceux qui tombent d’un piédestal que la peur, la lâcheté, la force de l’habitude ou de la tradition avaient contribué à élever : Weinstein en est le nom symbole dans le monde du cinéma, comme Stauss-Kahn l’est dans celui de la politique. Et si je vais continuer à aimer les films de Capra, parce qu’après tout je différencie l’homme de ses opinions politiques, j’aurai du mal à revoir Kevin Spacey, Woody Allen ou encore Alfred Hitchcock sans ressentir un malaise certain. Et je peux malheureusement m’avancer sans trop de risques en vous annonçant que d’autres révélations auront lieu, tout aussi étonnantes et décevantes…car il semble bien, depuis la nuit des temps, que le pouvoir, quel qu’il soit, est de nature à remodeler les frontières morales et la notion de respect de l’autre. L’image, dans son sens général, a un pouvoir énorme, et ceux qui en sont les maîtres les modulent dans leur seul intérêt. L’éducation à l’image ne peut qu’aider à se distancier de ce qu’on voit et à ne pas tomber dans le piège de la manipulation mentale. Je renvoie, ici encore, à Orange mécanique et à sa description d’une certaine forme d’éducation à l’image, qu'évidemment je ne recommande pas, pour ceux qui s’interrogeraient… ? Pitié ? Pitié ! Non ! Tu veux encore nous montrer un film noir et blanc muet du siècle dernier ! »12/8/2017 Combien de fois ai-je entendu ça ? Au point que c’en est devenu une blague…et que j’essaye au moins de proposer, de temps en temps, un film noir et blanc du siècle dernier, mais sonore. Au moins n’ai-je droit, dans ces cas là qu’à des grimaces.
Mais quel dommage !! Car la majeure partie des inventions visuelles date de cette époque dorée ; parce qu’on aura beau mettre en avant les prouesses techniques actuelles, ces dernières ne sont pas nécessairement mises au service d’idées. C’est toute la différence qu’il y a ; seule la technique a évolué, devenant au fil des ans esbroufe, facilité, investissement commercial. Autre point de regret, c’est que le cinéma muet est une vitrine des émotions les plus subtiles, il prouve que maintes situations sont compréhensibles sans dialogues. Il peut donc être aussi un moyen détourné pour travailler sur l’idée que les dialogues doivent servir à autre chose que remplir des vides d’idées. Je crois sincèrement à l’apport, pour des enfants, que constitue le fait de devoir comprendre des situations sans qu’un dialogue explicatif vienne appauvrir le propos des images. Par le développement des associations d'idées, de la compréhension du langage du corps, cet apprentissage permet de mieux appréhender certaines situations de la vie, qu’on soit en 2017 (bientôt 2018, d’ailleurs !!) ou en 1912… Les dialogues, l’apparition du son, ont certes apporté une fluidité et ont permis de complexifier le cinéma, mais, dans la perspectives d’une éducation à l’image, que ce soit dans le cadre scolaire ou familial, ces fameux films en noir et blanc muet du XXe siècle ont je crois toute leur place et même plus. Pour terminer ce billet, j’ai pu constater que la réticence du début disparaissait rapidement quand le génie et l’universalité allaient à la rencontre de l’innocence de l’enfance. Elle devenait sourires, rires, plaisir. Et c’est tout le mal que je souhaite à ceux qui ont le malheur de côtoyer l'admirateur inconditionnel des Chaplin, Mélies, Keaton, et autres Nosferatus,..que je suis. A défaut de beaucoup écrire pour l'instant sur ce blog, revue de presse. A suivre... la photo a été aimablement donnée par "Jésus" Quiroz-Martinet, chef-machiniste de son état.
Tout d’abord, mon nom est Fabrice Gayrard, j’habite à Nort-sur-Erdre en Loire-Atlantique, département de la région des Pays-de-la-Loire.
Après une trentaine d’années à côtoyer divers milieux professionnels, au sein desquels le cinéma a, plus que d’autres, mobilisé mon énergie et nourri mes passions, je tente une nouvelle expérience dans la transmission de ce que j’ai appris. Courts métrages, longs, publicités, films d’entreprises, documentaires..., j’ai pratiqué différents types de configurations de tournages, avec un penchant, sans doute karmique, pour le cinéma à petit budget. Petit budget suppose astuce, inventivité, réactivité, abnégation, disponibilité…et combien d’autres qualités. Ce type de cinéma repose aussi sur l’humain, la solidarité et, dans les positions où j’intervenais, que ce soit en régie ou en assistanat mise en scène, cette dimension a pris une importance essentielle. J’ai par ailleurs eu la chance de débuter tôt par la réalisation et l’assistanat, et donc d’être dès mes débuts en contact avec le plateau, d’en acquérir les codes, d’en assimiler ce qui constituait les différents métiers. J'ai par ailleurs construit mon parcours autour d'autres activités, ce qui m'a permis de rester en contact avec le monde réel. Eh oui, le cinéma, ce "ruban de rêves", est un univers dans lequel le rapport à la réalité est considérablement modifié... Ainsi, bouquiniste, traducteur pour sous-titrage, lecteur de scénarios, correcteur... Après un changement de territoire, passant de Paris à Nort-sur-Erdre, j’ai aussi changé de corps de métier, passant de la mise en scène à la régie. J'en ai aussi profité, étant régulièrement sur le plateau, pour prendre quantités de photos, souvenirs de tournages, dont certaines m'ont servi une première fois pour présenter les métiers du cinéma dans des classes de CM1 lorsque ma fille y était. Ces interventions ayant reçu un accueil positif, et y ayant moi-même pris un plaisir certain, j’ai récidivé, dans les mêmes classes, d’abord à titre bénévole, puis rémunéré quand des projets plus ambitieux ont été développés par l’équipe enseignante. Je me sens concerné par l’accès exponentiel aux images de toutes sortes, par le déferlement auquel sont notamment confrontées les jeunes générations. Par le biais de la découverte de l’univers du cinéma, je cherche aussi à aborder une réflexion sur ce que les images ont de signifiant. Par ailleurs, j'atteins une phase de ma vie où les contraintes d'une vie d'intermittence deviennent compliquées à gérer au quotidien, et où je souhaite me concentrer sur des projets plus personnels. Je vous invite à en découvrir plus sur moi en prenant contact via le formulaire. Je me ferai un plaisir de mettre à votre service mon expérience, mon sérieux et mon sens de l'humour légendaire. |
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Avril 2018
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